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Le rééquilibrage alimentaire |
La
Covid m'a convaincue de faire ce que je voulais faire depuis longtemps et que
je remettais à plus tard : pour ne pas faciliter la tâche au virus, j'ai
décidé de perdre du poids et de faire ce qu'on appelle, aujourd'hui un rééquilibrage
alimentaire. Comme les préceptes (les angas), de ma pratique spirituelle s'appliquent à beaucoup de
choses, pourquoi pas à l'alimentation ? En Inde, on a coutume de
considérer les aliments avec un angle spirituel, avec les gunas, c'est-à-dire
les aliments sattviques, rajasics et tamasiques. « Chez l'Homme, la nature matérielle se
manifeste sous la forme des trois gunas : sattva, rajas et tamas. Que l'âme
s'incarne et elle en subit l'influence. » (le
chant de l'éveillé 12.5 ou la
Bhagavad-Gîtâ 14.5).
L'ensemble de ces
recommandations de ma pratique est profondément ancré dans ma vie quotidienne,
par la Sadhana (mot sanskrit signifiant : « ce qu'il faut
faire » et désignant l'ensemble de ce qui fait une pratique spirituelle).
J'ai donc choisi de parler de vertus qui ont joué un rôle important dans cette démarche :
la simplicité et le détachement. « Celui qui connaît sa force et sa
valeur, mais qui reste doux et humble, est le centre où mènent toutes les
routes. S'il est digne d'être un modèle, la Grâce ne l'abandonnera pas ;
il redeviendra comme un enfant, à la simplicité parfaite et les portes du
Royaume, pour lui, s'ouvriront. Son esprit, avide de vérité, verra l'harmonie
dans les choses les plus triviales. » (Tao-Te-King, ou l'énergie du tout 1.28)
Un équilibre subtil
Pour perdre du
poids et retrouver la forme, il a fallu, dans un premier temps, que j'équilibre
chaque repas en termes de protéines, de glucides et de lipides. C'est la même
chose pour la vie, on devrait équilibrer les trois dimensions dont nous sommes
faits ; le corps, le mental et l'âme-incarnée (de quoi nous sommes faits). La Voie, en tant que pratique globale, permet de le faire et
de vivre l'harmonie de la vie dans notre existence quotidienne. C'est
dans l'équilibre des trois principaux constituants de notre être incarné que nous pouvons espérer accomplir notre destinée
ultime. L'âme incarnée a besoin d'avoir conscience de la béatitude, elle a besoin de retrouver son milieu d'origine et de
s'y plonger régulièrement. « Le pratiquant connaît différents niveaux de
conscience, de la confusion à la joie, jusqu'à la béatitude, selon qu'il est
plus ou moins dans la dualité. » (Yogasûtra 1.17)
C'est également l'équilibre subtil des trois pratiques, le service, le satsang et la méditation, qui fait la force et la particularité de La Voie, en tant que pratique. Aucune de ces pratiques ne peut être négligée. Alors quand on s'attelle à l'Observance de ces pratiques et des angas (les recommandations) de l'agya (la sadhana), la vie devient magique. En gardant, en toile de fond, la pratique d'une technique de méditation, que nous appelons le Saint-Nom, on peut agir au quotidien avec un certain recul, détachement, en ne se laissant pas happer par toutes les sollicitations de nos sens et de nos pensées et émotions. J’ai pu constater que l'équilibre des aliments qu'il y avait dans mon assiette favorisait l'équilibre spirituel. « Par la méditation et par le service, tu trouves la connaissance vraie de l'Unité. » (Bhaktimàrga 2-1-33)
Simplicité
La simplicité est fondamentale dans une spiritualité authentique. Il est indispensable et difficile de simplifier sa vie, quand on est compliqué et ce rééquilibrage alimentaire a favorisé la simplicité. En apprenant à rééquilibrer mes repas, j'ai pu retrouver la saveur de la simplicité et une certaine maîtrise de mes désirs, ce qui a favorisé ma raison. « Absence de crainte, simplification de l'existence, constance dans la pratique de la connaissance*, maîtrise de soi*, dédication, sobriété et simplicité, non-violence*, vérité, maîtrise de la colère, vrai-détachement, sérénité, compassion, absence de convoitise, douceur, modestie, ferme détermination, vigueur, pardon, force morale, pureté, absence d'envie des honneurs, telles sont les qualités spirituelles sur La Voie de la Libération. » (le chant de l'éveillé 14.1 et la Bhagavad-Gîtâ 16.1 à 3)
J'ai appris à cuisiner simplement, à faire des bols avec des protéines, beaucoup de légumes et un peu de féculents. J'utilisais des aliments bruts, que je cuisinais sans me préoccuper de recettes, mais en priorisant les nutriments, en faisant très attention au gras, au sucre et au sel et c'était toujours bon ! Je retrouvais le vrai goût des aliments, sans le masque du gras, du sucre ou du sel. Ces trois éléments cachent la vraie saveur des aliments, comme la confusion du mental cache l'essentiel de l'âme. « Comme le pur cristal prend la couleur des objets placés près de lui, le pratiquant, libre des fluctuations du mental, sort de la confusion et atteint la parfaite conscience de la béatitude, absorbé dans L'Unité. » (Yogasûtras 1.41)
Cette simplification allait parfaitement dans le sens
de ma pratique spirituelle qui tend vers la simplicité. On devient plus simple
à force de pratique, mais c'est également quelque chose sur laquelle on peut
agir en simplifiant sa vie dans la mesure du possible. Là, j'avais simplifié
mon alimentation et je m'en trouvais mieux, je perdais du poids et gagnais de
l'énergie. Je pouvais aussi méditer formellement (un des quatre piliers de La
Voie) plus facilement, car la digestion n'était plus une gêne. Il y a,
d'ailleurs, dans ce que nous appelons les angas, des préconisations à suivre si
on veut être dans un bon état d'esprit pour observer les trois autres piliers
de La Voie. Une de ces recommandations parle de modération, du contentement et
de la sobriété.
Détachement
Le rééquilibrage
alimentaire ne fait pas tout, il y a aussi le mental qui joue un rôle. Par
exemple, si on laisse nos émotions et nos désirs en liberté, on se jette sur la
nourriture à chaque fois qu'on a des hauts et des bas, il sera alors difficile
de garder un équilibre alimentaire. Sur La Voie, il est toujours question de
garder la maîtrise de son mental, donc de ses émotions et nous avons des outils
pour cela. Le service, avec ses techniques, permet de garder le mental sous
contrôle tout au long de la journée. Ce n'est plus lui qui nous gouverne, mais
nous (l'âme) qui le maîtrisons. « Celui qui détourne sa conscience de ses sens possède
une raison sûre. » (extrait du chant de l'éveillé 1.15 et Bhagavad-Gîtâ 2.68)
Il s'agit aussi d'être raisonnable ; manger trop,
trop gras, trop sucré, boire trop d'alcool, manger trop de plats préparés
industriellement ce n'est pas bon pour la santé et notre corps est notre
véhicule pour vivre cette incarnation et pour pratiquer, accomplir le but de la vie… C'est toujours mieux de suivre sa
raison que son « cœur », car souvent le désir et la confusion s'y cache.
Plaisir et désir
Dans un rééquilibrage alimentaire, on évitera d'écouter ses désirs. La maîtrise du mental m'a permis de ne pas succomber aux désirs de bonnes choses à manger. Le plaisir n'est pas une mauvaise chose, mais il y a du plaisir dans le fait de se nourrir de choses saines et qui nous font du bien. Le plaisir que l'on trouve dans les mauvais aliments est immédiat et fort, mais il ne dure pas et il est toujours suivi de désagréments. Le plaisir que l'on trouve à manger des choses saines et bonnes pour notre santé dure longtemps. « La vraie connaissance vient à celui qui maîtrise son mental et ses sens. Ce qui est la vérité, pour ceux qui sont dans l'ignorance, est illusion pour celui qui connaît l'Unité. Seul celui qui reste ferme dans le flot des désirs, comme la mer reste immuable malgré les mille fleuves qui s'y jettent, trouvera la paix, mais certainement pas celui qui cherche à satisfaire ses désirs. » (le chant de l'éveillé 1.16 et la Bhagavad-Gîtâ 2.69 et 70)
En vivant au quotidien avec la dimension spirituelle,
je retrouve l'harmonie du Tout un peu partout et là je l'ai trouvée dans les
plats équilibrés que je mangeais. La nourriture saine est du domaine de « Sattva
» (un des trois gunas) qui est la pureté, la vérité, la lumière et la
connaissance. « Quand vous faites partie de l’harmonie du monde, vous
ressentez un accomplissement vous envahir, vous remplir et prendre toute la
place… c’est le bonheur. » (retrouver l'harmonie, Hans Yoganand).
L’être humain est le seul animal à se poser des
questions sur son alimentation, à suivre ses pulsions, ses désirs et ses
émotions pour combler le trou qu’il a en lui et qu’il ne sait pas comment
remplir autrement. Avec la pratique de La Voie, je suis comblée par ce que nous
appelons le Saint-Nom et je n’ai plus besoin de me remplir de nourriture de
façon compulsive. On ne peut pas faire un rééquilibrage alimentaire sans faire
un rééquilibrage spirituel. Mais attention : le rééquilibrage spirituel
n'a pas comme finalité d'être en bonne santé ni de perdre du poids !
Quel beau texte ! C'est vrai que tout nse tient et qu'on ne peut pas viser la maîtrise des émotions sans maîtriser son alimentation.
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