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Marc Aurèle et La Voie |
La pensée stoïcienne de Marc
Aurèle* ressemble beaucoup aux préceptes de La Voie,
pratique spirituelle ayant ses origines dans l'Inde ancienne, celle d'avant
l'écriture, qui a inspirée tous les grands maîtres éveillés, comme bouddha
Gautama, Lao-Tseu, Guru Nanak, krishna, Patanjali, Mani et même Jésus. Suivent
des citations de Marc Aurèle, commentées avec l'éclairage de La Voie et
d'autres citations de maîtres éveillés.
*Marc
Aurèle (Marcus Annius Verus) était un empereur romain et philosophe stoïcien
qui vécu de l'an 121 à l'an 180 de notre ère.
« En te levant le
matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer,
d'être heureux. » (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même).
Cette injonction semble simple,
de prime abord, tant il est vrai que la vie, depuis le bon point de vue, est un
cadeau de la Grâce. Pourtant, avoir conscience de cette Grâce n’est pas si
évident au quotidien. Sur La Voie une technique de méditation aide à cette
conscience à travers chaque instant de la journée, quelque soient les occupations qui nous...
Occupent ! Le fait de pratiquer cette technique de méditation, tout en
vaquant à ses occupations, se nomme, sur La Voie, le « service »,
Lao-Tseu disait : « non-agir ». Quand la conscience de cette
Grâce, de la vie, nous vient, c'est comme si un « sourire intérieur »
s’ouvrait dans la poitrine et ça ressemble beaucoup à l'idée qu'on peut se
faire du bonheur et de l'amour.
« La vie spirituelle est une vie passée en toute conscience dans
le respect de tout ce qui nous compose : le corps, le mental et l’âme. Toutes
les différentes parties qui vous composent ont leur utilité et procèdent du
même créateur. Le corps physique est le temple de l’âme et la vie spirituelle
se fait avec et par lui. Sans lui pas de vie »
(« La vie
en conscience, Hans Yoganand)
« Tu
peux, à l'heure que tu veux, te retirer en toi-même. Nulle retraite n'est plus
tranquille ni moins troublée pour l'homme que celle qu'il trouve en son
âme. » (Marc
Aurèle, Pensées pour moi-même).
Les quatre piliers de la Voie,
c'est-à-dire tout ce qui compose la pratique, (sadhana) englobent toute la
journée, du lever au coucher, il est donc possible de se « retirer en
soi » en tout temps. L’un des piliers, dont il a été question plus haut,
le « service », avec sa méditation « portable », permet
d’être tout le temps «en soi», au bon endroit, unit au « Saint-Nom »,
dans la paix-intérieure, dans un endroit plein de silence, où l’on peut se
reposer et découvrir l'harmonie essentielle de la vie.
« L’âme, autrement
dit ; nous, recherche l’harmonie. Souvent l’être humain se laisse diriger
par ses instincts primaires, pour trouver l’harmonie à laquelle l’âme aspire il
est bon de rééquilibrer son comportement en tenant compte des besoins de l’âme. »
(« L’harmonie »,
Hans Yoganand)
« Celui qui aime la
gloire met son propre bonheur dans les émotions d'un autre. Celui qui aime le
plaisir met son bonheur dans ses propres penchants. Mais l'homme intelligent le
place dans sa propre conduite. » (Pensées
pour moi-même, VI, 51, vers 170 – 180, trad. Mario Meunier,
éditions Garnier-Flammarion, 1964)
Un autre maître éveillé,
Lao-Tseu, a dit la même chose : « Le
sage redoute autant la gloire que la disgrâce. Les honneurs sont pour lui une
grande calamité, car la vanité engendre la confusion et la confusion est une
grande calamité. Le sage ne cherche pas l'éloge et sert, en s'oubliant dans le
non-agir. Comme il ne se bat contre personne, il ne peut être battu, ainsi il
connaît la paix. » (Tao-Te-King 1.13). Sur La Voie, il est important de ne
pas se laisser guider par ses émotions, par ses désirs, par ses concepts et
d'assumer ses devoirs.
« Les effets de la
colère sont beaucoup plus graves que les causes. » (Marc Aurèle,
« pensées »)
Un autre maître éveillé a
parlé de ça, il a été oublié, on ne connait
que le surnom que lui donnaient les aryas ; le noir ou
« Krishna » : « Concupiscence,
la colère et l'avidité. Que tout homme sain d'esprit les referme, car elles
conduisent l'âme à sa perte. » (« Le
chant de l'éveillé » 14.21 ou « Bhagavad-Gîtâ,
16:21)
Le
livre de La Voie, dit à ce propos : « La colère mène à la confusion
où la conscience se perd. » (Bhaktimàrga
1.5.21)
« Même apaisée, une grave querelle laisse une rancune. Que peut-on faire
en suivant les préceptes de La Voie ? En répondant au ressentiment par
l'harmonie, c'est pourquoi le sage donne sans rien attendre. Il honore ses
engagements et n'en veut pas plus. L'Homme qui ne connaît pas La Voie veut
s'approprier le maximum de choses. La Voie du Tout comble de Grâce l'Homme de
bien. » (Tao-Te-King 2.79)
Quand on est en colère, qu’on
garde de la rancune, voire de la haine en soi, contre quelqu’un, il est
impossible de se consacrer à la paix intérieure, que les pratiquants de La Voie
désigne par le vocable : « Saint-Nom ». La colère mène
immanquablement à la confusion ce qui est bien plus grave que les causes qui
nous ont mises en colère.
« La mort n'est peut-être qu'un changement de place. » (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même).
Le livre de La Voie, dit quelque chose de
voisin, dans son livre premier : « L’incarnation est un départ et la mort un retour. » (Bhaktimàrga
1.3.16), ou encore ; « L’âme
travers la mort continuant vers la paix du Royaume. » (Bhaktimàrga
1.2.26)
« Développe en toi l'indépendance à tout moment, avec bienveillance, simplicité et modestie. » (Marc Aurèle, Pensées).
Cette
phrase parle d'indépendance mais de quelle indépendance s'agit-il ? C'est
en fait l'indépendance vis-à-vis de son mental, de ses émotions, de ses
à-priori, il s'agit de ne plus s’identifier au faux « soi » que l'on
croit être. Jésus parlait de ça, avec son ami Nicodème, quand il lui disait
qu'il fallait laisser mourir (en esprit) le vieil Homme pour renaître (en esprit),
au Royaume (Jean 3, 1 à 21)
« Se rendre ferme
comme le roc que les vagues ne cessent de battre. Il demeure immobile, et
l’écume de l’onde tourbillonne à ses pieds. - Ah ! quel malheur pour moi,
dis-tu, que cet accident me soit arrivé ! - Tu te trompes et il faut dire : je suis bien heureux,
malgré ce qui m’arrive, de rester à l’abri de tout chagrin, ne me sentant, ni
blessé par le présent, ni anxieux de l’avenir. » (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même).
Le Saint-Nom, cette essence de
la vie qui n'est pas un nom qui puisse s'écrire ni se dire, est un roc dans la
tempête, on peut bâtir sa vie sur lui, car il ne varie pas au gré des
événements et du temps qui passe. En lui on peut se reposer, à l’abri dans l’instant présent.
« La douceur est
invincible. » (Attribué à Marc Aurèle dans un livre de Anne
Dufourmantelle, sur la douceur, mais il semblerait que la source latine de
cette citation soit peu sûre et quelle pourrait tout aussi bien être attribuée
à Publius Syrus, Marc Aurèle ayant
surtout écrit en Grec).
Quoi qu'il en soit, une autre
pensée, celle de Lao-Tseu, se rapproche de ça : « Rien n'est plus
fluide et plus inconsistant que l'eau et pourtant, l'eau attaque et emporte ce
qui est dur et puissant. Dans la lutte éternelle entre l'eau et le roc, c'est
toujours l'eau qui gagne. Rien ne lui résiste et rien ne peut la vaincre. Car
la souplesse s'impose à la dureté. Tout le monde sait cela, mais personne ne se
conforme à cette réalité et le sage dit : L'esprit du sol reçoit toutes les
ordures du pays et devient le seigneur des moissons, ainsi, celui qui accepte
les échecs devient maître de lui. Les paroles de vérité ressemblent à un
paradoxe. » (Tao-Te-King 2.78)
Dans une juste méditation, où
l'on « tourne le dos » à la pensée, on peut ressentir une extrême
douceur, celle du « Saint-Nom ». Il est évident que cette douceur est
invincible au-delà de la phrase du Tao-Te-King qui parle plus de souplesse, de
non-agir que de douceur.
« Au-delà de toi est la source du bien, une source qui peut toujours jaillir, si tu creuses toujours. » (Marc Aurèle, Pensées).
Dans ce même livre,
une autre citation renvoie à La Voie : « Ne jamais embrouiller ni
abasourdir par une foule d'images le génie intérieur qui réside au fond de sa
poitrine. »
Le livre de La Voie dit :
« La source vaut mieux que le puits.
Qui sait la cause de l'illusion, profite du monde sans se perdre dans
l’illusion du multiple. » (Bhaktimàrga
1.5.20), ou encore : « L'Être-Suprême
et Son Saint-Nom sont la source du monde, cette connaissance mène à l'harmonie
de l'Unité (Bhaktimàrga
2.1.1)
En creusant, c’est-à-dire en
méditant sans cesse sur le Saint-Nom, par exemple dans le service, un des
piliers de La Voie, on va à la source et on remarque qu’elle est toujours
présente, inépuisable. Finalement, c’est à nous de nous tourner vers elle,
d’aller vers la source. Il n’y a pas que la méditation profonde pour y aller.
Patanjali, à propos de la méditation profonde (dhyana) a dit : « La méditation profonde, sur la source de
vie, donne la compréhension des mondes subtils comme du monde physique. » (Yogasûtra 3.26)
« Ce concombre est
amer ? Jette-le ! Il y a des ronces dans le chemin ?
Détourne-toi ! C'est tout ce qu'il faut. Ne dis pas à ce sujet :
Pourquoi ces choses-là se trouvent-elles dans le monde ? » (Marc
Aurèle, Pensées pour moi-même).
Autrement dit, ne te pose pas
de questions vaines, retourne au Saint-Nom, il est la réponse que tu cherches.
La spiritualité fait partie de la vie et la vie est spirituelle, il s’agit de
s’en rendre compte et de garder son attention sur cette vie, en nous. Nous
pouvons avoir les outils pour le faire et nous permettre de traverser
l’existence en conscience, il suffit de les demander à ceux qui les
connaissent. Il est temps de rééquilibrer nos vies en y ajoutant la dimension
spirituelle, la conscience du Saint-Nom.
Le corps, le mental et l’âme
sont les trois composantes de l’être humain et chacun a sa place, il ne faut en
négliger aucun. La Voie est une pratique spirituelle ancienne, il n’est donc
pas étonnant que l’on retrouve ses traces, plus ou moins diluées, dans
différentes religions ou philosophies. Ce qui est simple, logique, harmonieux
est empreint du Saint-Nom car il est à la base de tout. Il y a autant de
vérités que d'individus sur Terre mais au-delà des vérités personnelle, qui ne
se discutent pas, il y a une vérité universelle. La Voie, sa pratique, permet
de la retrouver, sans pour autant abandonner nos particularités.
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