La méditation de la Voie
Par la méditation profonde vient la Lumière de la Connaissance
(yogasutra, 3.5)
Non, la méditation que nous pratiquons sur la voie, n’est pas une méditation guidée. Personne n’est là pour nous dire quoi faire, pas de musique, de mantra, de son extérieur quel qu’il soit, on n'imagine rien, on ne pense à rien. Ce n’est pas ce genre de méditation que nous pratiquons sur la voie.
Il y a tant de types différents de méditation, on y met un peu ce qu’on veut, c’est comme avec le mot yoga, il y en a tant et tant. Ce sont des mots qui ne veulent plus rien dire et chacun met la définition qu’il veut, qu'il croit juste. Il suffit de s’assoir quelques instants sur un zafu pour dire que c’est de la méditation.
Ce que nous pratiquons n’a rien à voir.
Quant aux effets psychologiques et physiologiques de la méditation s'ils existent ne sont pas le but recherché. Je ne médite pas pour me guérir de mots physiques ou mentaux, ni pour apaiser le stress. Ce n’est pas mon but mais s’il y a des effets positifs à ce niveau, ils sont les bienvenus même si ce n’est pas pour être en meilleure santé, ni pour vivre plus longtemps que je médite. Ce n’est pas pour régler des traumatismes non plus mais si cela se fait en plus, tant mieux.
Ce que la méditation me procure est une remise au bon endroit de ma Conscience, elle me permet de la rassembler au centre et de découvrir ce qu’il y a au centre, dans cet instant présent, dans ce vide si plein de paix, d’amour, de sérénité… de Dieu, mais qu’importe le nom qu’on peut lui donner.
Je ne peux pas dissocier la méditation de la spiritualité… je ne vois pas le truc ! Elle me permet justement de m’unir à Dieu… et quand je le fais je me rends compte que ce n’est pas une question de croyance, on peut être athée tout en ayant cette soif qui nous prend et nous pousse, c'est un besoin impératif de Vérité alors avec le temps on doit s'en remettre à l'évidence : il y a là une force bien plus grande que tout qui est la base, la source de tout. Elle est pleine d’amour, de compassion, de bienveillance… après on peut lui donner n'importe quel nom, on s’en fiche.
La Voie qui peut se dire n'est pas la Voie, le nom qui peut se dire n'est pas éternel
(Tao-Te-King chap. 1)
On est juste sans voix, émerveillé devant et puis c’est tout, on n’a pas envie de classer cette expérience dans une catégorie plutôt qu’une autre… dans la catégorie «yoga» par exemple.
Quand on est devant cette force, moins on a d’idée à ce sujet, de concept, de pensée, de connaissances, de théorie, plus on peut s’y abandonner facilement et être comme un petit enfant, devant sa toute-puissance.
L’homme peu averti s’attache au langage fleuri des livres saints et savants qui enseignent diverses pratiques pour atteindre les délices de paradis théoriques, pour renaître en des incarnations plus favorables et y gagner la puissance et d’autres bienfaits. Enflammé de désir pour les joies d’une vie opulente, il est aveugle à la Vérité.
(Chant du bienheureux chap. 1.8)
Quand je dis devant, c’est vraiment en face à face parce que la Lumière intérieure, je la vois vraiment en face de moi en fermant les yeux et c’est vraiment une lumière qui brille, c'est une méditation en face à face avec cette force.
Il est évident alors que je ne suis pas grand-chose et que ce n’est pas plus mal de ne pas être grand-chose, au contraire, cette prise de conscience intime de notre faiblesse, nous permet de lâcher, d'ouvrir les poings et de s'en remettre à cette Force. On se sent libérer, arriver à la maison, au bon endroit et notre vie prend une dimension supplémentaire qui lui manquait.
L'homme vertueux est comme l'eau : L'eau excelle à se rendre utile à tant d'êtres et, fluide, elle ignore la lutte, coulant dans la pente sans obstacles. Elle aime les lieux que déteste la foule. Les hommes veulent toujours s'élever, l'eau va toujours du plus haut au plus bas.
(Tao-Te-King chap. 8)
On se rend compte alors que tant de choses étaient confuses, mal comprises, mal vues, mal appréhendées à peu près à tous les niveaux mais en particulier au niveau spirituel bien sûr.
On ne peut être que reconnaissant de comprendre, d'avoir cette possibilité de mettre sa Conscience au bon endroit et de remarquer qu'elle n'était pas au bon endroit avant et qu'on se faisait plein d'idées, on se croyait si fort, si sûr, si plein de vérité alors qu'on était complètement à côté de la plaque.
Mais à force de fréquenter l'essentiel, l'essence qui est en soi, quand on sait où le trouver, on le reconnaît et on peut y plonger et le prendre comme base de référence de sa vie.
On ne se perd plus parce qu'on a toujours cette corde de vie qui nous relie à l'essentiel.